Contes licencieux de Jean de La Fontaine. Soumis par Guillaume, le lun. 13/04/2015 à 09h08.
Illustration de Charles Eisen. S'il est un auteur Français très connu de par le monde c'est bien Jean de La Fontaine. Néanmoins peu de personnes connaissent ses œuvres licencieuses. J'ai décidé de publier trois contes très courts afin que vous ayez vent de la qualité de ses écrits tus par la censure au nom de la bonne morale. Le Villageois qui cherche son veauUn villageois ayant perdu son veau, L'alla chercher dans la forêt prochaine Il se plaça sur l'arbre le plus beau, Pour mieux entendre, et pour voir dans la plaine. Vient une dame avec un jouvenceau Le lieu leur plaît, l'eau leur vient à la bouche Et le galant, qui sur l'herbe la couche, Crie en voyant je ne sais quels appas : « Ô dieux, que vois-je, et que ne vois-je pas ! » Sans dire quoi ; car c'étaient lettres closes. Lors le manant les arrêtant tout coi. « Homme de bien, qui voyez tant de choses, Voyez-vous point mon veau ? dites-le moi. »
Conte de ****Sœur Jeanne ayant fait un poupon, Jeûnait, vivait en sainte fille. Toujours était en oraison. Et toujours ses sœurs à la grille. Un jour donc l'abbesse leur dit ; « Vivez comme sœur Jeanne vit ; Fuyez le monde et sa séquelle. » Toutes reprirent à l'instant : « Nous serons aussi sages qu'elle Quand nous en aurons fait autant. »
Le Mari confesseurMessire Artus sous le grand roi François Alla servir aux guerres d'Italie ; Tant qu'il se vit, après maints beaux exploits, Fait chevalier en grand' cérémonie. Son général lui chaussa l'éperon : Dont il croyait que le plus haut baron Ne lui dut plus contester le passage. Si s'en revient tout fier en son village, Où ne surprit sa femme en oraison. Seule il l'avait laissée à la maison ; Il la retrouve en bonne compagnie, Dansant, sautant, menant joyeuse vie, Et des muguets avec elle à foison.
Messire Artus ne prit goût à l'affaire ; Et ruminant sur ce qu'il devait faire : « Depuis que j'ai mon village quitté, Si j'étais crû, dit-il, en dignité De cocuage et de chevalerie : C'est moitié trop, sachons la vérité. » Pour ce s'avise, un jour de confrérie, De se vêtir en prêtre, et confesser. Sa femme vient à ses pieds se placer. De prime abord sont par la bonne dame Expédiés tous les pêchés menus ; Puis à leur tour les gros étant venus, Force lui fut qu'elle changeât de gamme. « Père, dit-elle, en mon lit sont reçus Un gentilhomme, un chevalier, un prêtre. » Si le mari ne se fût fait connaître, Elle en allait enfiler beaucoup plus ; Courte n'était pour sûr la kyrielle. Son mari donc l'interrompt là-dessus Dont bien lui prit : » Ah, dit-il, infidèle ! Un prêtre même ! à qui crois-tu parler ? À mon mari, dit la fausse femelle Qui d'un tel pas se sut bien démêler. Je vous ai vu dans ce lieu vous couler Ce qui m'a fait douter du badinage. C'est un grand cas étant homme si sage Vous n'ayez su l'énigme débrouiller. On vous a fait, dites-vous, chevalier : Auparavant vous étiez gentilhomme : Vous êtes prêtre avecque ces habits. Béni soit Dieu ! dit alors le bon homme : Je suis un sot de l'avoir si mal pris.
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